Le petit coiffeur



La grande Histoire est faite d’une multitude de petites histoires, de drames humains et d’actes héroïques. Confrontés à des situations extraordinaires tout un chacun réagit comme il le peut.

 

Celle-ci, d’histoire, se déroule à Chartres, en juillet 1944, une ville comme tant d’autres qui, à la Libération, a  réglé ses comptes sans autre forme de procès. C’est la triste période de l’épuration.

 

Marie Giraud est coiffeuse, figure estimée  de la Résistance, elle élève seule ses deux fils depuis la mort de son mari suite à une dénonciation. 

Jean, son aîné, est un jeune homme sensible mais différent que sa maman protège depuis toujours. Sa nature joyeuse en fait son rayon de soleil. 

Pierre, lui, a fait les beaux arts mais aide provisoirement sa mère au salon de coiffure depuis la disparition de son père. 

Un salon de coiffure dans un village, c’est aussi l’endroit où les langues se délient.

Marie choisit parmi ses clientes des femmes qui pourraient servir de modèle à son fils. 

Pierre a le talent de voir les souffrances de ces femmes et de les transmettre dans ses peintures.

D’une part, la rencontre avec Lise, institutrice, veuve d’un héros de la guerre, va bouleverser la vie de tout ce petit monde. D’autre part, le petit coiffeur va bien malgré lui être entraîné dans une expédition punitive difficile. L’heure est à l’humiliation et aux exécutions arbitraires.

 

Alors oui, j’avais lu le livre et assisté, pendant le confinement, à la retransmission en direct de la pièce mais là, à deux doigts des acteurs, j’ai ressenti toute cette douleur et tout cet amour qui s’opposent et s’entremêlent.

 

La rage de Marie dans son monologue sur les femmes est tellement bien interprétée. Bien sûr qu’assis dans nos sièges de théâtre, bien des années plus tard, on a le recul pour comprendre ces femmes qui sont tombées amoureuse d’un homme plus que d’un uniforme. Mais Marie a cette force incroyable, à vif, d’essayer de comprendre et pardonner pour l’amour de son fils. 

 

Les comédiens sont tous talentueux et habités par leurs personnages.

Une histoire bouleversante tant par l’écriture et l’interprétation que par le devoir de mémoire qu’elle véhicule.

 

Tout comme dans Adieu Monsieur Haffman, Jean-Philippe Daguerre nous offre des intermèdes de danse comme une respiration salutaire.

 

Note historique :

Simone Touzeau, la plus célèbre des tondues de Chartres, sera innocentée après deux ans de prison.