La nuit juste avant les forêts



Auteur : Bernard-Marie Koltès 

Artistes : Christophe Hatey
Metteur en scène : Roger Davau 


Paris, la nuit, il fait noir, sous des trombes d’eau, sûrement froid jusqu’à l’os quand on vit dans la rue. Il s’éveille et, face à ce nouveau jour, il est seul avec lui-même, ses fantômes, sa folie, ses excès de boisson et d’émotion …Trop plein sans doute, il doit vider son sac.

À qui parle-t-il ? Après qui court-il ? Au fond, quelle importance…? Chacun y mettra qui il veut car ce qui est crucial, c’est toute cette verve qui s’écoule, ce flot ininterrompu de paroles qui nous conte sa vie de combat.

Il se débat contre les violences de la rue, contre le regard des autres qui parlent dans son dos. Il se noie entre nostalgie, peurs, redites et obsessions. Il se bat pour rester présentable, digne, quand la partie de son cerveau non imbibée tente de faire une pause pour le protéger de ses démons intérieurs.

 

Le comédien, Christophe Hatey est bluffant. Il nous transmet toutes les émotions de cet homme désespéré tant son interprétation, son incarnation, que par sa fragilité et sa poésie.

Une véritable performance d’acteur. Christophe nous tient suspendu à ses mots, à ses maux, comment ne pas être en totale empathie avec lui. Il met toutes ses tripes, toute sa fougue, pour porter ce qui est un cri !

 

Coté mise en scène, le décor simple, réaliste, presque froid mais réchauffé d’un très joli réverbère, nous plonge directement dans l’atmosphère de la pièce.

 

Tout le travail de mise en scène consiste donc à donner vie et relief à ce monologue, cette phrase écrite sans un seul point, afin d’occuper tout l’espace et d’accrocher le spectateur grâce des changements de rythme et d’émotion.

 

Un moment fort à découvrir ou redécouvrir au théâtre de la croisée des chemins.