Marius



Jean-Philippe Daguerre - Mise en scène

Juliette Behar -Grégoire Bourbier - Romain Lagarde -Teddy Melis - Christophe Mie - Solange Milhaud - Geoffrey Palisse - Interprétation

Hervé Haine - Musique

Moïse Hill - Lumière

Corinne Rossi - Costumes

Margaux Van Der Plast - Scénographie


 Sous le soleil de Daguerre

 

Voilà des années que je suis le travail de Jean-Philippe Daguerre. Qu’il s’agisse de reprises de grands classiques ou de ses propres créations, il a cette rare capacité à nous émouvoir et à nous faire rêver. Avec sa troupe du Grenier de Babouchka, chaque représentation devient un moment de théâtre sincère et généreux, joué à 2000 %.

 

Après le succès remporté au dernier Molière, on ne l’attend pas au tournant, non. On l’attend comme un cadeau de Noël qu’on déballerait en plein été : avec gourmandise et un petit pincement au cœur.

 

Cette année, c’est Pagnol qu’il choisit de mettre à l’honneur. Un monument du théâtre français, mais aussi un conteur, comme lui. Deux raconteurs d’histoires, deux amoureux des sentiments simples et profonds.

Alors cap sur Marseille, le bar de la Marine, et les tourments de Marius.

 

Marius, c’est ce jeune homme tiraillé entre son amour de la mer, son amour pour son père César, et celui qu’il porte à Fanny, la jolie marchande de coquillages. Il rêve de larguer les amarres, mais sait qu’en partant, il briserait deux cœurs… dont le sien.

Sur scène, la troupe ne triche pas : les comédiens chantent, rient, pleurent et font rire. Le décor est superbe, jusqu'aux pavés de la rue, et il n'en faut pas plus pour faire surgir l'âme de Marseille.

Les galéjades cultes résonnent dans la salle – « Tu me fends le cœur ! », les célèbres dosages… avec quatre tiers : « Un petit tiers de curaçao, un tiers de citron, un tiers de Perrier... et un grand tiers d'eau ! »

 

Juliette Behar, révélation féminine 2025 pour son rôle dans Du charbon dans les veines, est ici une Fanny bouleversante de justesse.

Face à elle, Geoffrey Palisse, qui a depuis de nombreuses années fait virevolter un Scapin plus vrai que nature, incarne un Marius tourmenté, vibrant de doutes et de passions.

Et que dire de Christophe Mie, alias Escartefigue, capitaine du mythique Ferry-boat ? Il illumine chaque scène de son panache méridional.

Romain Lagarde, un César plus vrai que nature, qui à travers ses colères laisse apparaître un homme tendre, qui n’a plus que son fils à aimer.

Solange Milhaud est une Honorine débordante de vitalité et d’humour.

Que dire de l'interprétation de Teddy Mélisse dans un Panisse tantôt fougueux, tantôt tendre.

M. Brun, discret, réservé et effacé, trouve en Grégoire Bourbier un parfait serviteur.

 

Grâce à cette troupe généreuse et sincère, le soleil de la Canebière s’apprête à rayonner sur Avignon, et bien au-delà.

Un spectacle qui sent déjà bon comme une bouillabaisse, chaud comme une place au soleil, et fort comme un amour qu’on n’ose pas vivre.

On a beau connaître par cœur certaines répliques, on est quand même cueilli, et on balance entre beaucoup de rires et d’émotions.

Une seule question me taraude déjà… à quand la suite ?

 

Vous l'aurez compris : un énorme coup de cœur Passion Théâtre.

Agnès Guéry