Le Mardi à Monoprix



Texte de Emmanuel Darley (© Actes Sud papiers)

Mise en scène et interprétation de Thierry de Pina


✨ Le mardi à Monoprix : une ode à l’amour filial et à l’identité

 

Il y a des spectacles qui bouleversent sans jamais hausser la voix. Le mardi à Monoprix en fait partie. Seul en scène, Thierry de Pina livre une performance rare, tout en pudeur et en intensité, dans un texte fort qui résonne longtemps après les applaudissements.

 

Chaque mardi, Marie-Pierre retrouve son père. Elle vient lui faire le ménage, le repassage, ils parlent un peu, se promènent. Et surtout, ils vont à Monoprix. Ce rituel banal devient alors un puissant révélateur : celui d’un lien père-fille à vif, d’une présence aussi précieuse que douloureuse, d’un quotidien où chaque regard posé dans les rayons du magasin pèse plus lourd que les courses qu’elle porte.

Car Marie-Pierre, avant, s’appelait Jean-Pierre.

 

Le texte d’Emmanuel Darley, porté avec une justesse bouleversante par Thierry de Pina, ne cherche ni l’apitoiement ni la leçon. Il donne à voir une réalité, une humanité, une quête : celle d’une femme trans qui ne demande rien d’autre qu’à être reconnue et aimée pour ce qu’elle est. Ce seul en scène met en lumière le parcours d’une identité assumée, face à un père qui vacille entre silence, gêne et amour maladroit.

Et derrière le récit de Marie-Pierre, c’est quelque chose d’universel qui se dit : le besoin profond, vital, qu’a tout enfant d’être vu, accepté, aimé inconditionnellement par ses parents. Peu importe le genre, les choix ou les transformations. Ce qu’on entend ici, c’est avant tout l’écho d’un amour filial cabossé mais tenace.

 

Avec une mise en scène épurée, une lumière douce et quelques notes de musique qui ponctuent le récit, Le mardi à Monoprix ne cherche pas l’effet mais l’impact. Et il touche juste. On rit parfois, on pleure souvent, et surtout, on comprend. On comprend ce que c’est d’exister aux yeux des autres et combien cela peut coûter.

 

Ce spectacle n'est pas seulement une parole trans, c’est une parole humaine, puissante, lumineuse, portée par une interprétation d’une délicatesse rare. Un moment suspendu, nécessaire, qui rend le monde un peu plus vaste, un peu plus juste.

 

🎭 À voir absolument si vous aimez le théâtre qui parle vrai, qui bouscule en douceur et qui vous laisse le cœur un peu serré mais grand ouvert.

 

Mathieu Guéry-Couratier pour Passion Théâtre