Le toit du monde



Mise en scène : François Rivière

Interprétation : Malou Gilbert, Romain Poli

Création lumière : Sarah Dancer

Scénographie : Romane Perron

Création son : Lucien Pesnot

Graphisme : Jérôme Poli

Collaboration artistique : Romain Poli


Le Toit du Monde — Un bouleversement théâtral dans le Paris de l’après-guerre

 

Paris, 1945. Henry Vernot cherche son frère Antoine, disparu sans laisser de trace. Seule piste : un tableau, ou plutôt ce qu’il renferme… Très vite, cette quête devient un voyage à rebours vers un passé que Henry préférerait oublier. En cherchant la vérité, il exhume une mémoire honteuse, un secret de famille que l’Histoire elle-même avait tenté d’enfouir.

 

C’est cette tension entre mémoire et oubli, entre silence et révélation, que François Rivière explore avec “Le Toit du Monde “

Dès les premières minutes, l’intrigue nous happe : Henry, résistant et homosexuel, évolue dans un Paris dévasté par la guerre. Son frère, Antoine, a choisi l’autre camp : celui de l’idéologie nazie, mais est-ce vraiment un choix ou l’aboutissement d’une recherche de reconnaissance… ? Il est devenu l’incarnation du rejet et de la haine. Entre eux, un père partial, des non-dits, une blessure familiale profonde.

 

La pièce déroule ce fil tendu entre fraternité et trahison, entre survie et vérité. La quête du tableau devient bien plus qu’un simple moteur narratif : elle est le catalyseur de révélations, de renoncements, de confrontations douloureuses.

Une mise en scène inventive et fluide

 

Le décor fait de simples cageots en plastique se transforme, roule, s’empile, se défait, recompose les lieux au gré des scènes jusqu’à un pas de danse entre cagettes et machines à écrire. Cette mobilité scénique crée une dynamique permanente, un effet de respiration dans un texte pourtant lourd de tensions.

Loin d’alourdir le propos, François Rivière choisit une mise en scène épurée, traversée par des touches de scènes floutées, presque suspendues hors du temps, apportent une légèreté poétique à la rudesse de l’histoire. Ce va-et-vient entre réalisme et fiction permet au spectateur de se laisser guider sans jamais être écrasé par le poids du sujet.

 

Impossible de ne pas saluer la performance exceptionnelle des deux acteurs.

Romain Poli, que l’on avait déjà applaudi dans Believers, offre ici une interprétation d’Henry tout en profondeur. Jamais dans l’excès, toujours dans une émotion juste, il nous touche par sa retenue autant que par ses silences.

À ses côtés, Malou Gilbert, jeune comédien à suivre de près, impressionne. Il incarne à lui seul quatre rôles : le frère, le compagnon, le SS et un policier. Avec une agilité stupéfiante, il passe de l’un à l’autre sans rupture, sans effet, dans une sincérité de jeu qui force le respect.

 

Le Toit du Monde est une pièce qui interroge la mémoire, les blessures familiales, les choix individuels en temps de guerre. Elle met en lumière les cicatrices invisibles que l’Histoire laisse sur les êtres, les silences qu’on choisit de garder, les vérités qu’on ne veut pas affronter.

 

Un théâtre d’acteurs, intelligent, émouvant, engagé, où l’intime rejoint le politique, où l’émotion naît de la simplicité et de la sincérité.

Une œuvre sensible et intense d’une grande justesse, à la fois rude et lumineuse.

 

Un grand moment de théâtre à découvrir absolument.

🎭 Si vous aimez le théâtre qui vous remue, qui raconte de vraies histoires avec cœur et intelligence, foncez. 

 

Double Coup de coeur Passion Théâtre  Agnès Guéry / Mathieu Guéry Couratier